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Réduire son empreinte écologique individuelle a-t-il encore du sens ?

COP 27 : Que pèsent nos efforts quotidiens face à l’atavisme relatif de la Chine, des Etats-Unis et de notre gouvernement ? En tant qu’entrepreneur et en tant que citoyen, je vous avoue que je doute régulièrement....

Mais voici pourquoi je continue, que j’accélère et que je conserve mon optimisme.

Si nous sommes honnêtes, nous savons bien que nous ne sommes pas du tout dans les clous pour limiter l’objectif de réchauffement à 1,5°C que nous nous étions fixés il y a 10 ans.

L’augmentation effective sera (largement ?) supérieure.

Parce que les COP se succèdent les unes après les autres, mais que nous voyons bien que les 10 grands pays pollueurs, responsables de 70% des émissions de CO2, augmentent leurs émissions (Chine, Inde) ou ne les baissent pas suffisamment rapidement (Etats-Unis) ou les ré-augmentent (Allemagne)

Parce que les entreprises et les états ne seront pas suffisamment incités aussi longtemps qu’il n’y aura pas une ré-organisation de l’économie mondiale, avec l’introduction de règles du jeu récompensant les économies/entreprises vertueuses du point de vue des émissions et pénalisant les autres.

Parce que de nombreux pays ont une démographie galopante.

Dans ce contexte, est-ce que les 20 000 arbres que j’ai fait pousser à la campagne pour compenser mes émissions et celles de mes entreprises ont-ils un sens ?

Le temps que je passe à réparer les objets qui tombent en panne est-il investi en pure perte ?

Les efforts que je demande à nos employés pour minimiser la consommation d’énergie sont-ils symboliques ?  

Est-ce que j’impose une idéologie écolo à mes enfants en les détournant de la société de consommation, alors que leur comportement ne ralentira pas du tout le réchauffement climatique ?

Voici les raisons pour lesquelles, j’estime, paradoxalement, que ce que je fais à un sens et que vous ne devez pas doutez si vous vous sentez impuissant face à un phénomène planétaire qui nous dépasse.

1/ Quantitativement, nos efforts individuels ont un impact supérieur à ce que nous pensons.

C’est peut-être l’argument qui portera le plus auprès des matheux.

Je crois que le réchauffement effectif sera plus proche de 3°C que de 1,5°C

3°C de réchauffement cela parait très peu à un niveau individuel, mais nous savons que cela aura un impact titanesque sur le climat global et réellement catastrophique dans certains pays déjà chauds et secs comme le Mali, que je connais.

Et la France n’étant responsable que de 1% des émissions de CO2, on pourrait lui attribuer 0,03°C de responsabilité dans l’objectif de réchauffement (scientifiquement, c’est plus que fragile, je suis d’accord).

Et si 3°C de réchauffement a un impact titanesque, alors 0,03°C de réchauffement a un impact très très important.

Donc, assurer la transition de notre économie vers une économie ne contribue plus du tout au réchauffement climatique fait sens.

Et de là, ma contribution, votre contribution personnelle, de petit français(e) à cette transition « nationale » reprend du sens.

Poussons le raisonnement plus loin

Si 10 pays comme la France deviennent « neutres » en carbone, les émissions de la planète baissent de 10%. Et là, l’impact est majeur.

Or, cela me parait être un objectif atteignable que de penser que 10 pays comme la France deviendront neutres en CO2, même si la Chine, l’Inde ou la Russie continuent de polluer.

2/ L’impact de certaines de mes actions est déconnecté du réchauffement mondial

Cet été, jamais autant les incendies n’ont détruit autant de forêts.

Et pourtant, ma jeune forêt de 20 000 arbres a très bien résisté à la vague de sécheresse et très peu de mes arbres sont morts.

Explication potentielle

J’ai peut-être gagné la première partie de la course au réchauffement de ma forêt.

Quand il fait froid, les hommes se tiennent chaud, s’ils restent en groupe

Quand il fait chaud, les arbres se tiennent « frais », s’ils sont en groupe.

Le champ agricole que j’ai mis 14 ans à transformer est devenu une forêt avec des arbres de 5m à 8m de haut, avec des branches et des feuilles qui produisent de l’ombre sur deux tiers de la surface du terrain de 3ha. La température au sol est probablement de 5°C à 10°C inférieure à celle à la surface des champs avoisinants, l’eau du sol d’évapore moins et les arbres résistent plus.

Lors d’une canicule précédente, moins prononcée pourtant, les arbres avaient moins résisté et le taux de mortalité avait été plus important.

Il y a donc des moyens de résister au niveau hyper local au réchauffement climatique

Non seulement, cette forêt a abaisser la température, mais elle capte aussi des dizaines de tonnes de CO2 chaque année. Après seulement 14 ans.

3/ Nos actions favorisent aussi la biodiversité

Dans l’exemple que je viens de citer, la canicule n’a pas pu empêcher le regain de biodiversité sur le terrain. Chaque année, avec ou sans canicule, le nombre d’espèces présentes sur dans la forêt croit de façon proportionnelle au volume de la forêt.

Cette année, après les cerfs, les renards, sangliers, geais, hérissons, etc.. sont apparus des rouge-gorge et des blaireaux, pour ne pas parler des nouvelles espèces végétales ou des insectes.

Mieux, au-delà, du nombre d’espèces, c’est le nombre de représentants de chaque espèce qui augmente chaque année et, ce, de façon probablement proportionnelle au volume de la forêt qui constituent un habitat collectif.

Un arbre = un hôtel à insectes, animaux et même végétaux.

4/ Cette forêt s’inscrit aussi dans le cadre d’une stratégie d’adaptation

Certaines actions « écolos » permettent de diminuer l’ampleur du réchauffement climatique.

D’autres permettent de préparer un monde qui reste vivable.

C’est aussi le cas de cette forêt, mais aussi de chaque arbre que vous pouvez planter

Votre arbre va agir comme un climatiseur écolo au niveau de votre jardin, ville, région.

Non seulement, il captera du CO2, mais il sera aussi, de facto, un HLM pour insectes et animaux et en plus, il perd

Vous voyez l’intérêt des climatiseurs dans le canicule ?

Un arbre = un climatiseur

J'ai choisi l'exemple de la forêt parce que celle parmi toutes les actions qui a le plus d'impact, mais aussi parce qu'elle parle à tout un chacun.

Mais on pourrait appliquer cette analyse à d'autres actions que nous réalisons.

Gardons le cap et ne nous laissons pas décourager parce que les choses n'avancent pas à la bonne vitesse.

Le monde va changer, nous devrons nous y adapter, mais ne doutons pas à cause de l'immobilisme de certains.

© 2008- . Tous droits réservés Raphaël Richard