Emmanuel Macron promet 15 milliards d'euros pour lutter contre la crise climatique
Emmanuel Macron a accepté toutes les recommandations de la commission citoyenne pour le climat, sauf trois.
Emmanuel Macron a promis 15 milliards d'euros supplémentaires pour les mesures de lutte contre la crise climatique au cours des deux prochaines années et un référendum sur l'introduction éventuelle du crime d'écocide" pour avoir porté atteinte à l'environnement.
Ces mesures ont été annoncées quelques heures à peine après que les candidats écologistes aient déclenché une vague verte dans toute la France, avec des gains importants aux élections locales où le parti au pouvoir du président n'a pas réussi à s'imposer.
Lors d'une réunion avec les membres de la Commission des citoyens pour le climat - un comité de 150 Français choisis au hasard qui a rendu son rapport après neuf mois de délibérations la semaine dernière - Emmanuel Macron a promis un financement supplémentaire et des mesures fortes.
Il a déclaré qu'il acceptait toutes les recommandations de la commission, sauf trois, sur les 149.
Emmanuel Macron a déclaré qu'il espérait mettre en œuvre les mesures immédiatement et qu'une nouvelle loi serait élaborée avant la fin de l'été. Il a félicité la commission pour avoir "fait le choix de mettre l'écologie au cœur de notre modèle économique", mais a rejeté sa suggestion d'une "taxe sur les dividendes" sur les investissements et a reporté un débat sur l'introduction d'une limitation de vitesse à 110 km/h sur les routes françaises.
La commission citoyenne pour le climat fait partie d'une expérience démocratique en France où un groupe de citoyens, allant des adolescents scolarisés à des chauffeurs de bus et à des retraités des chemins de fer, ont été invités à définir la politique environnementale du gouvernement pour les deux années restantes du mandat de M. Macron - et plus précisément comment réduire les émissions de carbone du pays de 40 % d'ici 2030.
Il a présenté des propositions regroupées sous cinq grands thèmes : transport, logement, travail et production, alimentation et consommation de ressources naturelles.
Les résultats des élections municipales françaises, au cours desquelles le parti écologiste Europe Écologie Les Verts a fait des gains significatifs dans un vote marqué par la crise du coronavirus et une abstention historique, ont rendu la réponse de M. Macron encore plus cruciale pour son parti centriste La République en Marche (LREM).
Le vote a porté un coup prévisible à La REM, qui a fracturé le paysage politique français au niveau national mais n'a guère progressé lors des élections locales en dehors de Paris ou dans "la France profonde".
Les écologistes ont pris plusieurs grandes villes, dont Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Marseille et Besançon, et de nombreuses autres grandes villes, lors du vote de dimanche. À Paris, où la maire socialiste, Anne Hidalgo, en alliance avec l'EELV, a été réélue à une large majorité sur un programme qui donne la priorité à la lutte contre la pollution, à la crise climatique et aux énergies propres.
L'écologiste et député européen Yannick Jadot a déclaré que le résultat était un "redécoupage du paysage politique" autour des questions écologiques.
"Les gens essaient de donner du sens aux choses, à notre mode de vie, à notre logement, à la densité des villes, à l'alimentation, aux voyages, à la solidarité, aux nouvelles méthodes démocratiques... Une partie de la population a un souhait, une envie, un vrai changement dans nos sociétés qui soit socialement et économiquement réaliste", a déclaré M. Jadot au journal Ouest-France.
"Il y aura évidemment un avant et un après les élections locales de 2020. C'est un véritable tournant politique dans notre pays", a-t-il déclaré.
Greenpeace a accusé M. Macron de diluer les propositions de la Commission en utilisant des "jokers" pour se soustraire à des mesures importantes.
"Le message envoyé par les élections municipales est clair : l'écologie et la crise climatique ne sont plus seulement une préoccupation lointaine des Français, mais une priorité politique qui doit se traduire par des actes, des mesures concrètes et un objectif général en accord avec l'accord de Paris sur le climat. La Commission des citoyens a dit la même chose et il faudra plus qu'un beau discours de l'Elysée pour répondre aux attentes profondes", a déclaré Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Clément Sénéchal, responsable de la campagne climat de Greenpeace France, a déclaré que le gouvernement pourrait faire correspondre ses actions aux paroles du président en faisant dépendre les aides d'État aux entreprises touchées par le coronavirus, notamment les constructeurs automobiles et les compagnies aériennes, de leur volonté de mettre en place des "mesures sociales et environnementales".
"Cela obligerait les entreprises polluantes à changer de modèle et à se rallier à l'accord de Paris", a déclaré M. Sénéchal.
Le président envisagerait un remaniement du gouvernement, notamment le renvoi de son populaire premier ministre, Édouard Philippe, qui a été élu maire du Havre dimanche.