Greenwashing

Laurent Cabrol ré-invente le green washing

Lorsqu’un vendeur d’appareils d’électro-stimulation s’improvise gourou du réchauffement climatique, on atteinte des sommets de cynisme en communication écologique.

 

J’en veux beaucoup aux dirigeants de TF1 d’avoir licencié Laurent Chabrol du téléshopping pour ringarditude. D’une part, le matin, maintenant, je m’ennuie en me préparant : j’adore autant l’émission téléshopping que pour moi, c’est presque aussi excitant que les arnaqueurs des puces

 

 

Franchement, quand Laurent Cabrol vantait les mérites des appareils d’électro-stimulation qui nous promettaient d’avoir en abdos en forme de barre de chocolat, je savais que ce n’était pas vrai, mais c’était tellement sympa de rêver que c’était possible. La thalasso cure minceur éclair qui vous fait avoir le ventre plat de la minette de 23 ans du clip de présentation, cela fait rêver aussi.

 

 

 

Forcément, on ne pouvait pas vraiment y croire lorsque l’on voyait la brioche de Laurent Cabrol. Mais, le système de manipulation subliminale est tellement au point que cela est fascinant. Cela me rappelle les joueurs de bonto dans les allées du marché aux puces de Saint-Ouen. Le bonto, c’est une arnaque qui se passe sur un carton posé à la-va-vite : un croupier fait l’article et explique aux passants que s’ils devinent ou se trouve la carte rouge parmi les trois cartes retournées, qu’il vient de mélanger, on peut gagner 100 euros. Une personne tente sa chance, mise 100 euros et gagne. Une seconde personne, visiblement bête et mise, mais le temps qu’elle regarde dans son portefeuille pour sortir ses 100 euros, le croupier a échangé les cartes. Quel petit filou ! Donc, vous, persuadé d’avoir détecté où est l’arnaque, vous repérez la carte, sortez vos 100 euros, certain d’avoir tout compris. Grosse déception lorsque le croupier retourne la carte : vous vous êtes trompé. Vous réparez, délesté de vos 100 euros, incrédule. L’explication : les trois premières personnes sont complices et vous avez été manipulé depuis le début.

 

 

 

Ce spectacle me fascine autant que le téléshopping de Laurent Cabrol. Il joue sur notre psychologie, nos faiblesses, notre fascination pour les mots, notre naïveté.

 

 

 

J’adore.

 

 

 

C’est pourquoi on sait que si l’on achetait un produit dont Laurent Cabrol vantait les mérites au téléshopping, soit on le payait 20% trop cher, soit il ne fonctionnerait pas très bien lorsque l’on le recevrait. Mais Laurent Cabrol présentait les choses de façon tellement sympa, que j’avais envie de commander la moitié des produits qu’il présentait : le barrage aux insectes (j’habite Paris), l’épilation douceur (je suis un homme), le pistolet artisan peintre (je n’ai jamais rien eu à peindre).

 

 

 

Bref, je suis furieux contre TF1 d’avoir viré Laurent Cabrol du téléshopping.

 

 

 

Parce que maintenant, il s’est reconvertit dans le Green Washing.

 

 

 

Le green washing est une technique commerciale qui consiste à intégrer, de façon illégitime, l’argument écologique pour augmenter l’impact de son plan de promotion, en particulier si les produits ne sont absolument pas écologiques : le chimiste Rhône Poulenc a été le premier à inauguré le genre en sponsorisant les émissions Ushuaïa à la fin des années 80. L’entreprise, pollueuse par nature, souhaitait être associée à l’image d’une nature paisible et propre, ce qui est illégitime pour une multinationale spécialisée dans la chimie. Si nous pouvions nous réjouir que la France hébergea une entreprise aussi performante, il était anormal que l’entreprise tenta de suggérer que son activité s’intégrait, de façon harmonieuse à la nature. Son activité est agressive pour cette nature. Suggérer le contraire s’assimilait à de la manipulation de l’argument écologique. C’est la base du green washing.

 

 

 

Depuis quelques années, des milliers d’entreprises ont intégré le green washing dans leur communication, avec deux objectifs : améliorer leur image ou stimuler leur vente, et trop souvent aucune réelle préoccupation écologique.

 

 

 

Laurent Cabrol a réussi un tour de force : au sein de Téléshopping, il pratiquait le green washing classique. Il utilisait de façon indue l’argument écologique à l’instar de n’importe quelle entreprise.

 

 

 

Mais avec son livre, il va plus loin : comme il n’a plus aucun produit à vendre et sur lequel intégrer un discours de type « green washing » et qu’il aborde les sujets écologiques sans aucune légitimité, il détourne l’intérêt des média pour l’écologie pour assurer la promotion d’une démarche anti green washing. C’est très fort.

 

 

 

C’est le cynisme poussé à l’extrême.

 

 

 

Pour faire entendre sa faible voix dans un débat écologique qui le dépasse et à qui il ne peut rien apporter tellement les enjeux dépassent ses capacités d’analyse, il a recours à la provocation et la démagogie : « On vous ment, le réchauffement climatique est un phénomène tout à fait naturel non lié à l’activité humaine ».

 

« Nous ne sommes absolument pas responsables et il s’agit d’une conspiration de scientifiques »

 

 

 

Son discours est rempli de contradiction :

  • tantôt il se veut le représentant d’une majorité silencieuse, tantôt le représentant d’une minorité silencieuse

  • tantôt la communauté scientifique tente unanimement de manipuler l’opinion en expliquant que l’humanité court à sa perte

  • quelques soient les questions qu’on lui pose pour explorer ses arguments, ses réponses sont invariablement les mêmes : à la question récurrente "Qu’auraient à gagner les scientifiques qui lient le réchauffement climatiques’"

 

 

Quand on lui pose la question de la proximité de ses idées avec les thèses défendues par Claude Allègre, il est bien embêté : le seul embryon de réponse qu’il a est «