La votation contre les SUV à Paris: l'écologie grande perdante ?
Je me suis déplacé pour voter pour l'augmentation des tarifs de stationnement des SUV à Paris parce que je redoutais que les conducteurs de ces grosses voitures, très nombreux à Paris, se déplacement massivement.
Et effectivement, dans la queue de mon bureau de vote dans le nord du 15e, j'ai entendu des bribes de conversation comme "...parce qu'il faut dire à la mairie qu'elle nous fiche la paix" (traduisez: Hidalgo, arrête de nous emm...der avec tes conneries d'écolo). C'est pour cette raison qu'alors que la plupart des parisiens (66%) n'ont pas de voiture et que quand ils en ont, elle est de taille "acceptable", 46% des votants ont voté pour continuer à utiliser leur 4x4/SUV (les propriétaires de 4x4/SUV étaient surmobilisés).
L'augmentation est passée, mais cela me laisse circonspect.
1/ Objectivement, la votation a été totalement biaisée.
La campagne de pub de la mairie s'est faite sur le slogan: "Plus ou moins de SUV à Paris ?"
C'était malhonnête car je ne vois pas comme l'issue du vote aurait pu aboutir à une augmentation du nombre de SUV (le "plus" du slogan).
D'autre part, on ne votait pas non plus pour "moins de SUV", mais pour l'augmentation des tarifs de stationnement en extérieur pour les SUV qui stationnent dans un arrondissement où leur propriétaire n'habite pas. Mais cela ne concernait ni les tarifs de stationnement résidentiel, ni les tarifs de stationnement dans tout Paris dans les parking sous-terrain privé.
Enfin, on votait pour l'augmentation des tarifs pour 3 catégories de véhicules et pas simplement les SUV polluants.
Et, surtout, on ne votait pour l'exclusion réelle des SUV polluants comme avec un dispositif comme Critair, mais pour les tarifs de stationnement uniquement.
2/ Je doute que cela serve à quoique soit
D'abord, parce que l'ensemble de ceux qui ont fait campagne pour ou contre, ont diffusé soit des informations, soit totalement fausses, soit discutables, soit non pertinentes.
Cela ne va pas aider les citoyens à comprendre le type de véhicule le moins polluant.
D'autre part, il va rester très facile de se déplacer et de se garer en SUV à Paris: la votation ne concernait que 134 000 des 812 000 places privées et publiques disponibles à Paris. Il y aura, donc, toujours un parking sous-terrain pas trop loin qui leur sera accessible en dehors de leur place de parking résidentiel (qui est évidemment non impactée par la votation) et au pire, les SUV se gareront en extérieur pour 2 ou 3 heures et accepteront de payer (admettons 3 fois par an) 25€ çà 37€ de l'heure de stationnement suivant les arrondissements (le tarif est hallucinant, mais comme le prix des SUV ciblé est au minimum de 50000€, je doute que ce malus de 200€ ou 300€ à l'année dissuade les propriétaires aisés de ces véhicules).
Et comme toujours, les réglementateurs n'intègrent jamais dans leurs calculs de seuil, le nombre de membres du foyers. Que vous soyez célibataires ou 3 ou 5 dans votre foyer, vous avez le droit à la même taille de voiture et aux mêmes émissions de CO2, lorsque vous vous déplacez.
3/ Je pense que les objectifs étaient financiers et politiques
Certains esprits mal intentionnés indiquent sur la votation a été annoncée au moment ou Anne Hidalgo était empétrée dans l'affaire de son déplacement dans les DOM-TOM "dans le cadre des jeux olympiques de... Paris !"
Mais, surtout, en enquêtant, j'ai lu, dans un rapport de la cours des compte de juillet 2022, une incohérence dans la politique de stationnement de la mairie de Paris, qui pointait "Ainsi, la Ville de Paris paraît aujourd’hui poursuivre des objectifs contradictoires : obtenir de l’exploitation des parcs souterrains le niveau de redevance le plus élevé possible et renforcer leur attractivité afin de libérer l’espace sur le domaine public en surface."
Si je recoupe tout, la Mairie de Paris cherche à récupérer un maximum d'argent du stationnement de véhicules polluants ou pas, en surface ou en souterrain.
Je crois qu'une fois de plus l'écologie est une nouvelle victime de la politique.
Précision: je réalise 90% des déplacements à Paris à bord d'un vélo non électrique des années 90 et possède une voiture diesel d'une tonne avec autant de place que de membres.